Design des années 50
Le design des années 50
Durant la guerre 39-45 la chimie connaît une formidable accélération par le développement industriel de nouveaux produits dont la recherche était encore embryonnaire ; cela va bouleverser le design des années 50 !
Les nouveaux matériaux :
- Le polyamide : Héritage des années 40, il s’agit d’une soie synthétique pour les parachutes, qui servira rapidement pour l’habillement féminin mais sa démocratisation en Europe attendra la fin de la guerre.
- Le caoutchouc synthétique
- Le PVC
- Le néoprène
- Le polystyrène
- Le PMMA ou verre acrylique, donnera naissance au plexiglas, utilisé pour les cockpits d’avions comme en décoration.
- Les aminoplastes qui sous la forme de résines comme colle à bois, permettront le fulgurant développement du contreplaqué et, sous forme de mélanine utilisée en stratifié, ils serviront en coursives de navires et placages de mobilier.
- Les polyesters, un seul nom démontre l’étendue de ses applications : Tupperwear
Les recherches de designers déjà célèbres aux USA avant-guerre, profiteront de ces retombées pacifiques : dès 1945 Eero Saarinen moulera en polyester armé la fameuse coque de son fauteuil Womb 70 de Knoll, suivi en 1956 de la série Tulipe, une icône du design. Charles Eames expérimente le polyester dès 1949 pour les sièges d’Herman Miller.
En design : les anglais, déjà précurseurs, fondent dès 1942 le Committee for Utility Furniture qui impose de fabriquer un nombre limité de modèles de meubles compatible avec les difficultés de production massive. Ainsi la chaise BA d’Ernest Race est-elle créée en 1945 à partir d’une structure de fonte d’aluminium issue d’avions récupérés.
Les feux d’Hollywood :
En Europe, l’après-guerre se vit à l’heure américaine. Tout ce qu’apportent les GI étonne : les uniformes fonctionnels multipoches, la jeep imaginée par Willy, les boites de Lucky Strike déjà dessinées par Raymond Loewy, les robots ménagers streamline… Le design est avant tout industriel ; l’utilisation du métal reste prépondérante, ce qui est une tradition aux USA à cette époque, le secteur industriel se tourne vers les produits de la chimie organique, à commencer par la bakélite. Le US Industrial Design de 1949-1950 affiche la discipline rationaliste des objets, où étude ergonomique et impératifs techniques vont guider leur conception. Tous les apports de la chimie seront convoqués pour des objets et décors de couleur suave, imitant tous les matériaux, lumineux voire clinquants, brillants de plastique. C’est donc la grande époque du stylisme et du rêve américain, aussi bien au cinéma qu’à travers les cuisines, les salons, les bureaux, les milk-bars, les somptueuses voitures à ailerons et des stations-services boursouflées, synonymes de confort et opulence.
Les arts décoratifs français :
Jean Royère, influencé par Hollywood, crée des meubles et sièges extravagants de couleurs, agrémentés de matériaux qui vont de la tôle à la peluche ; l’objet doit faire effet et peu importe la technique et les matériaux. Ses esquisses vont très loin mais les réalisations restent plus classiques ; il ne fallait pas effrayer le bourgeois, client majeur.
L’acier étant dévolu à l’industrie lourde laisse peu de possibilités aux producteurs d’objets, bien que la demande de nouvelles formes et nouveau cadre de vie soit très forte. Les artisans reprennent donc le travail du bois et créent leur propre style en inventant des formes lyriques, un geste libéré du travail industriel. Charlotte Perriand, revenue de son séjour au Japon, utilise le bois pour sa chaleur dans des fabrications artisanales mais rationnelles, dans un style maintenant encore plus épuré. Ainsi c’est tout l’habitat qui évolue vers une modernité cohérente par l’apparition du métier de décorateurs, comme Marcel Gascoin. Jean Prouvé, lui, n’abandonne pas l’idée de la production en série ; il marie merveilleusement les fabrications classiques en bois de forme libre, mais avec des ajouts rigoureux de fabrication industrielle.