Daum ( Maison )

Historique



L'entreprise Daum n'est pas « née » industrie d'art, elle l'est devenue. Quand Jean Daum, ancien notaire de Bitche contraint à l'exil à la suite de la guerre de 1870, rachète la Verrerie de Nancy en 1878, celle-ci est une verrerie industrielle qui produit essentiellement du flaconnage, de la gobeleterie et des bobèches. Elle devient manufacture d'art, à la fois par opportunité et nécessité, sous l'impulsion d'un des fils, Antonin. Nécessité car l'entreprise familiale traverse alors une crise grave et il devient indispensable, pour se tirer d'affaire, de renouveler une partie de la production. Opportunité, car Antonin aidé d'Auguste, son frère, captent parfaitement l'air du temps, c'est-à-dire le renouveau des arts décoratifs en général et le succès d'Émile Gallé en particulier.



En 1891, Antonin ouvre un département d’Art : les premiers vases ornés de fleurs colorées finement ciselées apparaissent, préfigurant ce que sera le style Art Nouveau. D'abord timide et confidentielle, la fabrication artistique prend de l'ampleur avec l'arrivée de Jacques Gruber et les premières expositions. Après les services de table, c'est vers la production de modèles plus élaborés que la verrerie se tourne. Les techniques se mettent au diapason des décors. À la peinture à l'émail, à la gravure à l'acide et aux rehauts d'or ; s'ajoutent le multicouche et le ciselage des pièces à la roue. Jacques Gruber quitte la manufacture vers 1897, après avoir signé quelques pièces de grande valeur. Il est remplacé, à la tête de l'atelier décor, par Henri Bergé, lui-même assisté en 1910 par Émile Wirtz.



Avec les premiers succès des verres décorés, la production de la manufacture devient plus complexe. Nous pouvons schématiquement la diviser en trois catégories. D'une part, une fabrication industrielle, héritée des débuts de l'entreprise : des boules de verre destinées à l'industrie de la montre et de la gobeleterie ordinaire. D'autre part, une production fantaisie courante, utilitaire ou non, qui inclut toutes les séries de modèles décorés fabriqués en grande quantité, vendus par les magasins et détaillants divers. On y trouve les vases et objets assimilés, les services de table et appareils d'éclairage. Enfin, des pièces « hors-série », généralement des modèles uniques (ou tirés à un nombre restreint d'exemplaires) qui assurent la renommée de la manufacture. Si, en volume de marchandise et en nombre d'ouvriers employés, la verrerie ordinaire, ajoutée à la fantaisie courante, représente la part la plus importante de la fabrication, c'est au travers de ces vases rares et remarquables dévoilés lors des grandes manifestations que le nom de Daum se fait connaître et reconnaître.



L'Exposition universelle de Paris, en 1900, qui clôture un siècle et en ouvre un nouveau, arrive à point nommé pour la manufacture Daum. De 1893 à 1900, elle s'est fait connaître par sa participation aux expositions de Chicago, Nancy, Bruxelles, Lyon, Bordeaux. Les premiers articles parus dans la presse d'information et dans les revues spécialisées, les ventes de quelques-unes de ses plus belles pièces, les prix glanés lui permettent d'accéder au statut d'industrie d'art et de commencer à s'affranchir peu à peu de l'envahissante tutelle. L'Exposition universelle de 1900 doit consacrer la verrerie.



En 1920, sous l’impulsion de Paul Daum, naissent des pièces d’une esthétique complètement nouvelle qui annonce le style Art Déco. Le verre prend alors un aspect minéral, il est givré, cristallisé. Vers 1930, Michel Daum, fils d’Antonin met au point la fabrication du cristal, cette matière faite de verre à laquelle est adjoint 24% de plomb. En 1968, c’est la redécouverte de la pâte de verre, matière unique.



L’histoire de Daum se confond avec celle des grands mouvements artistiques, elle a su s’attacher des artistes tels que Arman, César, Dali, Lalanne… plus de 360 artistes. Ainsi Daum édite chaque année des sculptures en tirage limité, que l’on retrouve sur les différents marchés de l’Art.



 



Daum et l’Art Nouveau



Les ateliers des frères Daum ont formé quelques-uns des grands noms de l'Art nouveau, notamment le peintre Jacques Grüber, Almaric Walter, Henri Bergé et Eugène Gall.



A partir de 1891, Antonin Daum, responsable du Département d’art, développe les techniques de gravure à l'acide, de gravure à la roue et des verres à deux ou trois couches. Entre 1890 et 1914, il ne crée pas moins de trois mille références.



Il participe également au mouvement artistique de l'Ecole de Nancy créé sous l'impulsion d'Émile Gallé et en devient le vice-président. Son travail a été récompensé lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, où le Grand Prix lui a été décerné.



 



Technique



La pâte de verre est une rare et très ancienne technique du verre qui remonte à 5000 ans avant J.C.



On en retrouve dans les tombes des pharaons. Cette technique fut redécouverte par Daum en 1900 puis retravaillée en 1968. La pâte de verre est en réalité une pâte de cristal contenant près de 30% de plomb.



Pour réaliser une pièce en pâte de verre, le sculpteur modèle dans de l’argile le premier modèle. Dans un second temps, on réalise sur ce modèle un moule négatif qui sera le moule en creux de la forme d’origine. On coule une cire chaude dans ce moule et on obtient la sculpture originale en cire. Cette pièce en cire est noyée dans du plâtre réfractaire, le tout est placé dans une étuve, la cire va fondre et s’écouler du plâtre. La partie creuse en plâtre est alors remplie de morceaux de cristal concassé de différentes couleurs et grosseurs, mélange appelé groisil. Puis le tout est placé dans un four pendant 10 jours, la température monte progressivement jusqu’à 1000°. Le groisil fond et prend sa place. Une fois le moule en plâtre cassé, la sculpture en pâte de verre est révélée.



Encore une dizaine d’opérations et la pièce est prête à recevoir la signature finale.



Aujourd’hui Daum est le seul cristallier dans le monde à pouvoir créer aussi parfaitement cette matière d’exception.