Saint-Ouen et ses chiffonniers
Après la guerre franco-prussienne de 1870, les chiffonniers sont chassés hors de Paris et décident de bâtir les premiers villages de marchands à Saint-Ouen. Parcourant la ville de nuit en quête de vieux objets abandonnés ou placés aux ordures dans l’espoir de les revendre, ces oiseaux nocturnes étaient notamment surnommés crocheteurs ou biffins…
1885, date clef
Le marché aux Puces est officiellement reconnu en 1885. La ville de Saint-Ouen se résout à assainir et sécuriser le quartier. Dans cette perspective, les puciers doivent s’acquitter d’un droit de stationnement pour exercer leur activité. Vers 1900, des archives de presse attestent d’ailleurs de ces constructions pittoresques et d’une affluence de parisiens les dimanches.
Eclosion des premiers marchés à l’entre-deux guerres
Très fréquentées après la seconde guerre mondiale, les Puces attirent les hommes d’affaires. Ces derniers achètent des terrains autour de la rue des Rosiers afin d’y aménager des rues, faire venir de l’eau et de l’électricité dans des stands. Quatre premiers marchés se créent alors entre 1920 et 1948 : Vernaison, Malik, Biron et Jules Vallès.
Après la seconde guerre mondiale, la ville de Saint-Ouen connaît la sédentarisation d’antiquaires de renom, de brocanteurs et d’artisans, restaurateurs de mobilier, d’œuvres d’art… Les commerces sont ainsi rachetés par ces derniers, une floraison de nouveaux restaurants voit également le jour.
Paul Bert Serpette, la génèse
Propriétaire d’un terrain rue Paul Bert et observatrice de l’effervescence créée par les marchés de la rue des Rosiers, la famille Poré décide d’y faire construire un vaste garage en ciment. L’emplacement n’étant pas exploité dans son intégralité, Louis Poré convient de louer les parcelles restantes à des brocanteurs. Dès 1946, ces mêmes brocanteurs commencent à monter des baraques et s’improvisent maçons afin de constituer un espace délimité plus significatif.
Désormais locataires, les marchands s’associent en Amicale et instaurent une certaine organisation. Les allées sont goudronnées… Inquiète de cette « invasion », la Mairie émet une condition à Louis Poré : que sa société immobilière accorde un certain nombre de parcelles à des marchands spoliés sous l’occupation et que les nouvelles constructions soient conformes aux projets d’urbanisme de la municipalité. De plus, Louis Poré s’engage à indemniser la ville de Saint-Ouen pour les ramassages d’ordures en reversant 20% de ses loyers perçus.
Dans les années 50, entre 1953 et 1954 plus précisément, la plupart des baraques de fortune se convertissent « en dur », confirmant cette volonté de pérenniser le marché.
1970, bonjour Serpette
Au début des années 1970, Alain Serpette, un marchand d’armes anciennes reconnu et fils de pucier, achète l’ancien garage SIMCA avoisinant le marché Paul Bert avec pour douce ambition de bâtir son propre marché. Il y aménage progressivement 120 stands. Bien qu'ayant fait fortune dans le négoce d'armes anciennes, Alain Serpette oublia de demander un permis de construire à la municipalité pour bâtir son marché… Bonne âme et consciente des bienfaits d’un nouveau marché aux ambitions nobles, la Marie ne s’opposa pas au projet, mais Serpette n’a donc failli pas voir le jour…
Différents propriétaires
Après une fusion des marchés Paul Bert et Serpette, la dimension magistrale du lieu fait la part belle au mystère de sa réunification… Divers acheteurs devinrent propriétaires de ce lieu d’exception tels qu’entre-autres Dassault, la banque La Hénin, le Duc de Westminster puis Jean-Cyrille Boutmy, actuel propriétaire depuis 2014.
Paul Bert Serpette aujourd’hui
Chaque week-end, du vendredi au lundi, se croisent dans les allées experts, passionnés et amoureux des objets, tous inconditionnels de la chine. Véritable musée à ciel ouvert, Paul Bert Serpette offre un panel de styles et d’époques éclectiques, de l’antiquité au XXIème siècle, du grand classicisme au design, en passant par la peinture, la sculpture, la mode, le luminaire… Berceau du monde de la décoration où 350 antiquaires, précurseurs de tendances, esthètes, amoureux de l’objet et collectionneurs émérites s’évertuent chaque week-end à vous inspirer et éduquer votre œil.