Dans l’œil de Nathalie Dupuis : Alain Gaudebert, au plus près de la nature
Cette semaine céramique et poésie ne font qu’un avec Alain Gaudebert. Après une exposition à la Galerie Avenir dans le 6ème arrondissement de Paris par Jean-Marc Mandalian et Nathalie Dupuis, cette dernière met maintenant un point d’honneur à faire découvrir sur son stand, l’œuvre de cet artiste qui lui est cher, dont la complexité des émaux associée à la beauté des formes, percute au premier regard…
Né en 1937 à Paris, Alain Gaudebert et ses parents s’installent à Nantes durant la Seconde Guerre Mondiale. Son père, éditeur, lui transmet le goût pour la culture et les arts.
Très jeune, il décide de monter comme matelot sur des bâteaux de pêche hautière, il passe 5 ans en mer. Son contact, et la puissance des forces de la Nature contre l’Homme le saissisent. Ces thèmes seront omniprésents dans son travail de céramiste. C’est en observant les paysages, aussi dans ses différents voyages, qu’il puisera ses inspirations végétales, animales ou minérales.
Après 5 ans passés en mer, Alain Gaudebert entre aux Arts et Métiers. Après sa formation, il s’installe dans dans la région du Puisaye, au plus près de la terre de Jean Carriès (1855-1894). Plusieurs artistes vont l’inspirer, mais c’est surtout l’œuvre de Carries et de Vassil Ivanoff (1897-1973), qu’il rencontre en 1972, qui le marquent et déterminent sa manière de travailler le grès : à contre-courant, cassant les codes de la céramique traditionnelle. Ce dernier avait lui aussi choisi le grès exempt de raffinement, gardant sa force primitive. Il boulverse la tradition des émailleurs, les dosages sont bousculés, les températures dépasssées. Ses œuvres protéiformes associent la sculptures à l’émail.
Alain Gaudebert innove, invente, joue avec les formes, les émaux et dompte le feu. Il créé des céramiques aux émaux coulants, superposés, désordonnés…
Le céramiste réalise au préalable des projets colorés qui pourraient s’apparenter à des peintures. Il applique l’émail au moyen de brosses variées, qu’il manie avec précision. Il sait déjà à ce moment là quel sera le rendu de ses émaux colorés, alors que les produits posés ne révèleront leur couleurs qu’à la cuisson, au four à bois, à haute température (1300°C). Le feu intervient dans le résultat du projet de l’artiste dont le talent est de savoir parfaitement le maîtriser, le conduire, équilibrer son emprise sur l’œuvre.
Maître de sa technique, il recherche dans la peinture, la sculpture et le graphisme, des moyens d’expression dont la terre et le feu sont les médiums. Alain Gaudebert créé des pièces puissantes, dont la force rappelle ses expériences au plus près de la nature, grande source d’inspiration.
« fou d’émaux et de feu » « tout ce travail laisse pantois, comme après un cataclysme dont on sort miraculeusement, on ne sait pas si c’est beau, on sent que c’est très fort ».
(Robert Deblander)