Georges Jouve dans l'oeil d'Edouard Demachy
Fortement ancré dans l’histoire des Arts Décoratifs du XXème siècle, Georges Jouve est aujourd’hui le céramiste le plus recherché et le plus cher. Formes libres, sobres, matières généreuses, font du travail de ce céramiste une Œuvre d’une incroyable originalité. Cher au cœur d’Edouard Demachy et point de départ de sa collection, le pichet que nous allons évoquer en est un exemple magnifique.
Georges Jouve (1910-1964)
Après une formation en sculpture à l’Ecole Boulle, Georges Jouve étudie la peinture à l’Académie Julian, puis à la Grande Chaumière. Il développe son gout pour la céramique pendant l’Occupation, période durant laquelle il se réfugie avec sa famille dans la Drôme, près de Dieulefit, ville connue pour cet art. Pour la réalisation de ses pièces, Jouve préfère le modelage au tournage, ce qui lui permet l’exécution de formes libres.
Une fois la guerre terminée, Jouve rentre vivre à Paris. Sa production évolue et l’on voit apparaitre sur ses pièces des émaux plus sobres mais plus riches. Il utilise des blancs très denses qu’il orne quelque fois de décors polychromes, mais aussi des émaux noirs ou cuivrés légèrement satinés. Il effectue également de nombreuses recherches sur les effets de matières, notamment sur le craquelé.
En 1949, un tournant s’opère dans sa carrière suite à l’exposition de ses œuvres au Salon des artistes décorateurs. Son travail s’oriente alors vers la sculpture, ce qui lui permet de collaborer avec des architectes. Les années 50 seront particulièrement riches et productives. Georges Jouve mourra prématurément en 1964, atteint de saturnisme due à l’utilisation d’émaux à base de plomb.
La pièce coup de cœur d’Edouard Demachy : Un petit pichet à décor de coq
Ce pichet pourrait dater de la fin des années 40 ou du début des années 50. Son émaillage un peu gras et craquelé a été très utilisé dans ces années-là.
Jouve eut plusieurs productions, d’une part les pièces de forme tournée à la main, d’autre part des pièces moulées que l’on peut qualifier de plus industrielles. Il va sans dire que les pièces tournées à la main comptent parmi les pièces de céramique les plus chères du marché. Ce pichet est une pièce de forme, elle n’est pas tout à fait droite, on constate quelques « maladresses », l’anse n’est pas réellement symétrique. On sent que cette pièce a vraiment été faite à la main.
Le pichet est orné d’un coq, animal cher à Jouve que l’on rencontre sur nombre de ses créations, notamment des appliques des années 40, des plats… Le coq n’est pas simplement peint, il est incisé et les pigments de couleurs ont été introduits et cuits ultérieurement. Les couleurs utilisées sont également typiques du travail de Jouve.
Cette forme de pichet n’est pas une forme unique en son genre dans la production de Jouve. On en retrouve quelques-uns, avec des motifs et émaillages différents. Celui-ci est d’une qualité magnifique
Comment reconnaitre une pièce de Georges Jouve ?
Les céramiques de Georges Jouve possèdent toujours une grande qualité d’émail. Il utilise la technique de la faïence émaillée qui est une faïence très épaisse. De manière générale, les pièces sont très lourdes. Ses couleurs et motifs sont également très reconnaissables. Quand on retourne les céramiques, elles sont toujours signées, soit Jouve en toute lettre ou avec ce que l’on appelle le sigle d’Apollon. Sigle utilisé par Jouve dans les années 1940. Pour l’anecdote, Jouve était un bel homme que l’on qualifiait d’Apollon…
Que représente cette céramique pour vous ?
C’est une pièce que j’ai chinée il y a un peu plus de 25 ans et sans doute la première pièce de Jouve que j’ai achetée. Elle fut le point de départ de ma collection. Il me semble même l’avoir trouvée à Paul Bert Serpette ! Je l’ai gardé chez moi jusqu’à maintenant et aujourd’hui j’ai envie de collectionner autre chose. En tant que collectionneur, on a toujours du mal à se séparer de ses pièces, mais la perspective de nouvelles découvertes est, heureusement, un véritable moteur.