Portrait de marchand : Sentimental fx
S’il ne fait nul doute que les objets jouent avec nos émotions, François-Xavier Courrèges, lui, joue avec les objets en les faisant brillamment dialoguer sur son stand. Pierre Sala, Gaetano Pesce ou encore Enzo Mari, sont autant de grands noms du design français et italien que vous retrouverez dans les scénographies de ce nouveau marchand…
Quel est votre parcours ?
Après des études générales, j’ai travaillé en tant qu’assistant styliste dans la mode, puis assez rapidement, j’ai exposé des installations videos, des dessins et des collages dans le contexte de l’art contemporain, notamment chez Alain Gutharc et Yvon Lambert à Paris, ou Gagosian à New York.
Très tôt, j’ai été sensibilisé aux antiquités grâce à mes parents qui m’emmenaient chiner à Paul Bert dans les années 1980. C’est donc assez naturellement qu’est né mon attrait pour le vintage et pour le design.
En parallèle de mon activité d’artiste, j’ai commencé à acheter et revendre des pièces de design en tant que collectionneur.
Je m’intéresse à la mémoire, à l’oubli, et je suis passionné par les archives et la recherche autour des œuvres et des designers. Je passe beaucoup de temps en bibliothèque, à cultiver ce goût, à découvrir, et à enrichir mes connaissances.
Cette activité autour du design, qui était alors secondaire, est progressivement passée au premier plan, par passion.
Que présentez-vous sur votre stand ?
Cela faisait longtemps que je réfléchissais à m’installer à Paul Bert Serpette. J’ai profité d’une période d’expatriation de plusieurs années pour affiner mon projet.
Je m’intéresse particulièrement aux meubles-sculptures, aux objets et luminaires trompe-l’œil, comme le bureau en forme de cahier d’écolier de 1983 de Pierre Sala ou le parapluie qui se déplie en chaise de 1995 de Gaetano Pesce, présentés en ce moment sur mon stand. J’aime quand le design dépasse la notion d’utilité et devient un objet de questionnement.
Je présenterai aussi une sélection de pièces qui ne sont pas toutes signées, mais dont la mise en dialogue avec ces créateurs-là me semble pertinente.
Étant issu du milieu de l’art contemporain, j’ai également envie de montrer des éditions d’artistes que j’affectionne, souvent des figures majeures, comme en ce moment, des cartes signées de Cindy Sherman et un petit dessin d’Ugo Rondinone.
J’aime combiner des objets et créer des correspondances entre eux.
Avez-vous un designer de prédilection ?
J’ai envie de faire connaitre J.C. Peiré, un céramiste français des années 1970 et 1980, tombé dans l’oubli. Il y a quelques années, j’ai eu un coup de cœur pour l’une de ses pièces, une applique en forme de chemise avec une cravate en plexiglas éclairée en-dessous par un tube fluo. J’ai alors voulu savoir qui se cachait derrière ce nom mystérieux. J’ai mené une recherche sur son œuvre et son parcours. Jean-Claude Peiré, dit J.C. Peiré, a produit des objets fonctionnels de décoration, un travail prolifique qui témoigne d'inventivité, d'ingéniosité et de renouveau dans le domaine de la céramique de son temps, et qui s’apparente aisément au pop-art.
Les œuvres de J.C. Peiré, bien que fortement inscrites dans leur époque, s’intègrent parfaitement à nos intérieurs. Aujourd’hui, c’est un travail que je suis ravi de défendre et de faire découvrir sur mon stand.