Roland Mathieu-Meusnier (1824-1896) Portrait de Mlle Sarah Bernhardt
Découvrons ensemble deux personnalités marquantes de l'histoire artistique française : Mathieu-Meusnier, le sculpteur, et Sarah Bernhardt, l'actrice légendaire. Leurs vies et leurs œuvres ont laissé une empreinte indélébile sur la scène culturelle du XIXe siècle. Leur lien, incarné par ce médaillon en terre cuite, représentant la « divine »Sarah Bernhardt, témoigne de leur connexion artistique profonde et de leur influence mutuelle…
Mathieu-Meusnier, statuaire des grands hommes
Mathieu Roland Meusnier, connu sous le nom de Mathieu-Meusnier, naquit le 1er avril 1824 et rendit son dernier souffle dans cette même ville le 31 janvier 1896. Contrairement à d'autres artistes de son époque, il canalisa son expression artistique exclusivement à travers la sculpture.
Il fit ses premiers pas au Salon en 1843 avec un buste en marbre du philosophe Pierre-Hyacinthe Azaïs (Versailles). Sa renommée fut également soulignée par l'obtention d'une médaille de bronze à l'Exposition Universelle de 1889, suivie de la prestigieuse Légion d'honneur cette même année.
Mathieu-Meusnier se distingua parmi les sculpteurs les plus prolifiques de son époque, façonnant un grand nombre de bustes, de médaillons et de compositions sculpturales décoratives dans le cadre de commandes publiques. Ses œuvres ornèrent des monuments prestigieux tels que l'Opéra (La Mosaïque et La Mécanique dans l'avant-foyer, 1872), les cours du Louvre (L'Orfèvrerie en 1867 pour la cour carrée, Le Génie de la Tempête en 1868 sur le pavillon des Sessions, La Verrerie en 1889). Son travail peut également être admiré dans plusieurs cimetières parisiens, notamment au Père-Lachaise
Sarah Bernhardt, la Diva Sacralisée par Ruy Blas
Sarah Bernhardt, légendaire tragédienne, pionnière du culte de la célébrité, incarnation de l'ère de la fin de siècle et de la Belle Époque, femme libre et entrepreneure, Rosine Bernard, connue sous le nom de Sarah Bernhardt, vit le jour à Paris le 22 octobre 1844 et y prit son dernier souffle le 26 mars 1923.
Elle fut admise au Conservatoire en 1859 et remporta trois ans plus tard le deuxième prix de comédie, lui ouvrant ainsi les portes de la Comédie-Française où elle fit ses débuts dans le rôle d'Iphigénie le 11 août 1862... jusqu'à son renvoi en mai 1863 à la suite d'un différend avec Mme Nathalie, une collègue qui avait malmené sa petite sœur Régina. Elle embrassa ensuite une carrière prolifique dans les théâtres de boulevard comme la Porte Saint-Martin et le Gymnase, avant de signer avec l'Odéon en 1864. Cependant, la consécration suprême survint le 19 février 1872 avec la première triomphale de Ruy Blas de Victor Hugo. L'auteur célèbre s'agenouilla devant elle sur scène pour la remercier, la baptisant même la "Voix d'or".
Après ce triomphe, elle fut immédiatement rappelée à la Comédie-Française où elle fut accueillie en triomphatrice et nommée sociétaire l'année suivante. Connue sous le surnom de "Mademoiselle Révolte", elle se fit remarquer autant pour ses talents d'actrice que pour ses frasques relatées dans la presse. La diva démissionna avec éclat du Théâtre Français en avril 1880 pour entamer une tournée mondiale avec sa propre troupe jusqu'en 1917. Femme moderne et actrice romantique, elle captiva aussi bien le public, la critique que les artistes.
À sa mort en 1923, ses funérailles devinrent un événement quasi-national, attirant un million de personnes le long du cortège entre son domicile du boulevard Pereire, l'église Saint François de Sales, "son" théâtre Sarah-Bernhardt et le cimetière du Père Lachaise – un hommage qui n'avait pas été vu depuis les funérailles de Victor Hugo en 1885.
Sarah Bernhardt et la Sculpture
Le médaillon en terre cuite représentant le "monstre sacré", inédit jusqu'alors, doit être associé à celui en bronze argenté exposé par Mathieu-Meusnier au Salon de 1879. Il fut chaleureusement salué par un critique : "Enfin ! Voici un véritable portrait, un profil sérieux de cette grande artiste ! Il ne pouvait être mieux compris et représenté que par son excellent maître, notre vieux ami Mathieu-Meusnier. […] Il a eu la finesse de la représenter dans le rôle de la Reine dans Ruy Blas. Là, son profil est vraiment remarquable. Une flamme de vie et d'inspiration anime ses traits ; quelle profondeur de pensée et de sentiment habite ce superbe petit profil ! Un sincère bravo à notre vieux camarade, qui a si bien saisi et représenté son célèbre modèle et élève".
La relation entre le sculpteur et l'actrice était indéniable. La preuve de cette amitié et du sincère intérêt qu'elle portait aux beaux-arts, les pratiquant elle-même, est illustrée par sa possession d'une statuette en marbre de La Douleur de Mathieu-Meusnier, tandis que Mathieu-Meusnier avait exposé au Salon de 1872 un buste de son fils
L’histoire de Mathieu-Meusnier et de Sarah Bernhardt, illustrée dans ce médaillon, témoigne de l'immense impact que les arts, en particulier la sculpture et le théâtre, ont eu sur la société française du XIXe siècle et au-delà. Mathieu-Meusnier, par son talent et sa dévotion à la sculpture, a immortalisé les grands hommes de son époque, tandis que Sarah Bernhardt, par son charisme et son génie artistique, a conquis les cœurs du public et a laissé un héritage indélébile dans le monde du théâtre. Leur collaboration et leur amitié ont illustré la convergence des arts visuels et du spectacle vivant, enrichissant ainsi le patrimoine culturel français. Ensemble, ils ont incarné l'esprit créatif et l'excellence artistique qui continuent de rayonner à travers les siècles, inspirant les générations futures à poursuivre leur passion et leur engagement envers les arts.