Stephen Wijnants, une vie en Lalique
Installé depuis bientôt 30 ans à Paul Bert Serpette, le stand de Stephen Wijnants est une véritable invitation au partage pour tous les collectionneurs et curieux en quête des plus belles pièces de la Maison Lalique. Ce marchand érudit met un point d’honneur à partager cette passion qui l’anime et à aller toujours plus loin dans la découverte de nouvelles pièces.
Quel est votre parcours ?
J’ai d’abord étudié le droit pendant deux ans à Nice mais j’avais entendu parler de l’école du Louvre. Désirant absolument venir vivre à Paris, j’en ai profité pour faire cette école et pour m’y installer. J’ai donc fait 4 années à l’école du Louvre, puis une équivalence en histoire de l’art à la Sorbonne.
J’avais des amis clercs chez des commissaires-priseurs et j’allais souvent à Drouot. Cela m’a mis le pied à l’étrier. Avec un ami, Hubert Badetz, nous avons commencé à mettre un petit stock de marchandises de côté, dans le but d’ouvrir un stand à Serpette. Nous avions des copains de Drouot qui travaillaient à Serpette et quand nous venions leur rendre visite, nous nous rendions compte que ce marché était tellement noir de monde, que l’on ne pouvait pas le traverser. Cela nous a beaucoup excité de voir ce potentiel de clientèle et de rencontres possibles. Nous avons eu d’abord un stand dans la cour Serpette, à l’époque où elle n’était pas couverte. Nous vendions des pièces d’art de la table et nous nous documentions beaucoup sur les maisons de porcelaine, les verriers qui avaient fait des expositions, sur l’histoire de la table et son évolution.
Nous avons ensuite eu l’opportunité de prendre le stand que j’occupe actuellement, c’était il y a 28 ans. Un jour, mon associé est arrivé avec des petites assiettes à dessert de Lalique. Je n’ai pas été immédiatement conquis par ces pièces mais elles se sont vendues tellement vite que cela nous a fait réagir et nous avons décidé de nous intéresser à autre chose. Nous sommes donc allés dans cette direction-là.
Parlez-nous de votre spécialité
Lalique est ma spécialité. C’est un catalogue qui épouse aussi bien des décors muraux, des plafonniers, des appliques que des poignées de portes, des miroirs, des coffrets ou encore du flaconnage qui est extraordinaire. Le catalogue est tellement vaste qu’aujourd’hui encore je rencontre des objets que je n’avais jamais vu. Je suis toujours extrêmement impressionné par la qualité du détail, du moule, de l’intemporalité du dessin. Il y a une diversité d’objets que l’on peut mettre dans n’importe quel décor. C’est une gamme énorme dont on ne se lasse pas et que l’on peut montrer avec ses coups de cœurs et approches personnelles. Cela permet une très grande liberté. Par extension, cela me permet de travailler sur toute la période entre 1900 et 1950 qui est très riche et où les meilleurs artistes de leur temps ont pu s’exprimer à travers l’industrialisation de l’outil de travail qui leur a permis de rendre leur production plus publique, mais avec une finition manuelle de qualité véritable. C’est également une époque qui a bénéficié de sources d’inspirations diverses. On ne peut que très difficilement en sortir car on ne retrouve pas cette même qualité ailleurs. Les séries sont de plus en plus importantes et on perd peu à peu ce rapport avec l’artiste.
Que représente Paul Bert Serpette pour vous ?
C’est la diversité de la marchandise qui fait l’intérêt de ce marché, la diversité des marchands qui apportent ce choix de marchandises, leur mixité d’âge amène quelque chose d’intéressant et de complémentaire. Paul Bert Serpette est également un marché qui se distingue par son confort.
Avez-vous une pièce que vous souhaitez mettre en avant ?
En ce moment, je présente ce bouchon de radiateur de voiture qui possède une très belle teinte améthyste et une moulure fabuleuse. A une époque où les voitures étaient des objets de grand luxe, on pouvait acheter chez Lalique des petites mascottes que l’on plaçait sur les capots. Il y avait des victoires, mais aussi des animaux, tout comme ce Longchamp, appelé de la sorte en hommage aux courses de chevaux. Quand ces pièces-là ne sont plus venues orner les radiateurs des voitures, Lalique a réintroduit ces mascottes sous d’autres formes, comme des presses papier, où sous la forme de statuettes d’ornementation d’intérieur. Faire du nouveau avec du vieux est quelque chose qu’on l’on retrouve souvent chez Lalique.