Cristal
Comme son nom ne l’indique pas, le cristal est un verre, c’est-à-dire un solide non cristallin, riche en plomb, dont la concentration en masse doit être comprise entre 40 % et 24 % pour avoir droit à l’appellation « cristal » selon des normes qui sont devenues internationales.
L’appellation « cristal » est cependant plus ancienne puisqu’elle a été initialement utilisée à Venise à la fin du XVe siècle par les verriers vénitiens pour caractériser des objets en verre particulièrement fin et transparent. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le cristal de Bohême signe la qualité d’un verre dur et éclatant qui supplanta la production vénitienne sur les tables royales. Et pourtant ce verre est différent des verres au plomb dont l’invention est attribuée à Stephen Falango en Angleterre vers 1627.
En France, l’histoire du cristal débute en Lorraine avec la verrerie de Münzthal fondée en 1586, mais c’est seulement en 1767 que le roi Louis XVI lui confère par lettre patente le titre de « Verrerie royale de Saint-Louis » et en 1782 François de Beaufort met au point la formule du cristal avec plus de 35 % de plomb. Cinquante ans plus tard, la manufacture se consacre essentiellement au cristal et lance la mode et la notion de service de verres de luxe pour la table avec le célèbre modèle « Trianon ».
À la suite de Saint-Louis, les cristalleries se développent dans l’Est avec la cristallerie de Baccarat, faisant suite à la verrerie crée en 1767 avec un premier four à cristal en 1816 et en 1823 le premier service pour les tables royales et en 1861 le célèbre service « Harcourt » pour l’empereur Napoléon III. Ce fut ensuite Daum en 1878, puis Lalique à la fin du XIXe siècle qui naquirent. Ces cristalliers, ont su s’adapter depuis les années 1980 aux mutations du marché en diversifiant leurs produits avec de nouveaux vases, sculptures, bijoux, qui ont permis, avec des regroupements, un nouveau dynamisme.
Dans une autre vallée, très boisée elle aussi, au XIXe siècle, la vallée de la Bresle en Normandie se sont regroupées une demi-douzaine de cristalleries spécialisées dès le début dans le flaconnage pour les parfums et les cosmétiques et renforcées en 1950 avec l’automatisation. C’est maintenant un pôle mondial reconnu : « vallée de la Bresle- Glass Valley » avec en amont et en aval des industries de fonderies et mouleurs qui parachèvent les flacons. Au départ, artisanales ces entreprises utilisent maintenant des technologies performantes et contribuent au marché du luxe à l’exportation.
Enfin, c’est dans une petite ville de l’Audomarois dans le Pas-de-Calais, Arques, qu’une verrerie fondée en 1825 provoqua une révolution en 1968 par la fabrication automatisée du cristal, véritable prouesse technique ne nécessitant plus de taille ni façonnage à la main et qui a bouleversé les arts de la table. C’est bien sûr du demi-cristal (24 % ou moins), mais accessible au plus grand nombre avec des modèles comme « Versailles » ou « Longchamp ».