Tapisserie

Historique



L’art de la tapisserie remonte à la plus haute antiquité. Des traces ont été retrouvées en Egypte ancienne avec les coptes et elle est attestée en Grèce et à Byzance.



Au Moyen Âge, l’Occident en hérite de l’Orient. La tapisserie de lisse apparaît dans les textes au début du XIVe siècle : en 1303, Paris connaît la première occurrence de la corporation des lissiers, Arras en 1313. Les XIVe et XVe siècles voient l’apogée de cette industrie qui se concentre dans de nombreuses villes françaises et flamandes du duché de Bourgogne et du royaume de France comme Bruges, Bruxelles, Paris, Valenciennes, Arras, Gand, Tournai ou Lille. Le commerce se développe aux mains de riches et puissants marchands, véritables hommes d’affaires qui fournissent les élites laïques et ecclésiastiques.



À partir du début du XVIe siècle, la Renaissance voit progressivement la pénétration de nouveaux motifs provenant d’Italie et les ateliers bruxellois dominent la production.



La production tissée du XVIIe siècle se déplace alors à Paris où le roi Henri IV favorise l’installation et l’essor de plusieurs ateliers privés pour contrer les importations flamandes : - L’atelier de l’Hôpital de la Trinité (1551-1635) - L’atelier de la Grande Galerie du Louvre (1608-1661) - L’atelier du Faubourg Saint-Marcel (1601-1662- L’atelier du Faubourg Saint-Germain (1633-1667) Le regroupement de ces différents ateliers donne naissance, après la Fronde, à la Manufacture royale des Gobelins en 1662 dirigé par le peintre Charles Le Brun, élève de Simon Vouet. La disgrâce de Fouquet en 1661 fond cet atelier dans la nouvelle manufacture tandis que le talent de Le Brun le place à la tête de la nouvelle structure.



Le XVIIIe siècle voit la rivalité constante entre les Gobelins et Beauvais pour la première place. - De 1662 à 1683 : les débuts de la manufacture de Beauvais sont difficiles tandis que le style des Gobelins stimulé par le mécénat royal se diffuse dans toute l’Europe. Ledécès de Colbert en 1683 puis les difficultés financières du royaume entraînent la fermeture des Gobelins de 1694 à 1699. Beauvais prend l’avantage avec l’arrivée de Philippe Behagle comme nouveau directeur. Celui-ci poursuit la fabrication de verdures appréciées des Flamands, fournit une clientèle princière française et étrangère en tentures historiques, développe un style nouveau à la mode : celui des grotesques. - De 1705 à 1725 : la réouverture des Gobelins suivie du décès de Behagle en 1705 permettent le renouveau des Gobelins. Architectes et ornemanistes comme les Audran remplacent les peintres à la direction de la manufacture. La dimension des tapisseries se réduit avec l’apparition des petits appartements plus confortables où les panneaux tissés se fixent et s’isolent dans les boiseries des murs. - De 1725 à 1760 : Beauvais atteint son apogée avec l’arrivée des peintres Oudry puis Boucher respectivement spécialisés dans les scènes de chasse et les pastorales galantes. Se développe aussi la tapisserie de sièges c’est-à-dire pour meubles. - De 1760 à 1780 : avec l’arrivée de Boucher aux Gobelins en 1755, cette manufacture reprend l’avantage. Sa production raffinée de tenture à fond damassé mettant en valeur la scène centrale agrémentée d’alentours pimpants séduit une clientèle plus modeste. Durant le XVIIIe siècle, les papiers peints remplacent aussi progressivement les tapisseries dans les intérieurs profanes… La Révolution française porte un coup fatal aux différentes manufactures qui sont fermées. Seules les manufactures d’Etat des Gobelins et de Beauvais rouvrent avec une production réservée au décorum officiel où la copie de cartons anciens et la garniture de meubles ont la part belle. Au XXe siècle, il faut attendre 1935, avec le rattachement de Beauvais au Mobilier national, pour assister à un nouveau départ de l’art textile qui répond à des commandes d’artistes contemporains comme Jean Lurçat, Henri Matisse ou Pierre Alechinsky.



Fonction



- Pratique : Les tapisseries réchauffent les murs des bâtiments civils ou religieux où elles sont tendues. Elles protègent du froid ou de la chaleur en été dans les grandes pièces ouvertes aux courants d’air et difficilement chauffées par les cheminées. Elles permettent de scinder les espaces en les cloisonnant et deviennent ainsi des tapisseries-cloisons. On n’hésite pas à les découper ou les fendre pour ménager un passage comme le prouve la mutilation au XIXe siècle de la tenture de l’Histoire de Clovis du XVe siècle.



- Décorative : Dans les églises, l’art de la tapisserie se substitue à l’art de la fresque. Les tentures à thème religieux offrent un décor renouvelé en fonction du calendrier liturgique tant dans le chœur canonial que sur les bas-côtés. Les sujets sont évidemment religieux : vie de Jésus, de la Vierge, de saints patrons… Elles sont aussi tendues dans les rues les jours de procession participant ainsi au décor urbain et à la liesse populaire. Dans les édifices civils, les tapisseries servent à tapisser les murs mais aussi à couvrir les meubles (dossiers, ciels, couverture de lit…) formant ainsi un ensemble décoratif homogène qui prend le nom de « chambre ».



- Somptuaire : En tant qu’objet mobilier facilement transportable, les tapisseries participent à la politique de faste des plus grands tout en étant un placement de capitaux. Par exemple, les rois de France, les ducs de Bourgogne ou encore Mazarin qui possédait pas moins de 332 tapisseries à sa mort. Elles occupent aussi une place de choix dans les trésors notamment religieux.