Art nouveau

1889 : la foule qui se presse à la grande exposition universelle de Paris découvre, ébahie, la Tour Eiffel. Mais face à la dame de fer, c’est un certain Emile Gallé, déjà récompensé en 1878, qui remporte le grand prix pour une vitrine de noyer marquetée aux réminiscences rocaille. Ce pionnier qui ne jure que d’après nature et intime à ses collaborateurs de ne dessiner une fleur qu’en ayant une fleur sous les yeux, a fait inscrire sur le frontispice de son atelier nancéen : « Ma racine est au fond des bois. » La flore sera la grande inspiratrice de ce mouvement dont Emile Gallé dessine les prémices : l’Art nouveau. Couronné de succès en 1900, l’Art nouveau donne dans le végétal qu’il déploie à travers un matériau privilégié, le bois. Massifs ou marquetés, le noyer et le chêne sont notamment choisis pour exprimer tout un répertoire ornemental nouveau.


Surnommé par ses détracteurs « style nouille », l’Art nouveau déploie dans de complexes calligraphies un vocabulaire naturaliste au bouquet raffiné. Orchidées, iris, lys ou pavots composent ce jardin prolifique aux nombreuses ramifications offertes par les plantes grimpantes que sont la glycine, le lierre ou le liseron. Les lignes s’étirent. Les angles se galbent. Les pieds se déploient en coup de fouet. Imitant les lianes, les femmes s’allongent elles aussi, avec des hanches minces et de longs cheveux dénoués.


L’ébéniste Louis Majorelle, établi comme son maître Gallé à Nancy, est l’une des figures majeures de ce mouvement. Synthèse des formes nouvelles et de l’ébénisterie classique, les entrelacs de son mobilier se prolongent dès 1900 en poignées et charnières forgées par son atelier. Le franc-tireur, Hervé Guimard reste lui célèbre pour ses entourages en fonte du métro parisien et l’immeuble Castel-Béranger rue Jean de la Fontaine dans le 16e arrondissement. Impossible également de ne pas citer l’allemand Samuel Bing qui, après avoir contribué à l’essor du japonisme à Paris, inaugure en 1895, rue de Provence, la Galerie de l’Art nouveau. Le décor végétal signé Georges de Feure, l’éclairage à l’électricité inspireront son pavillon Art nouveau pour l’exposition universelle de 1900. L’Art nouveau ne survivra que quelques années à la disparition de Bing en 1905, bousculé dès 1910 par la naissance de l’Art déco